Face à l’émoi légitime qu’a provoqué l’état “dégradé” d’un nombre conséquent d’écoles marseillaises , la mobilisation de l’État en la personne de Mme Najat Vallaud- Belkacem a permis notamment le déblocage en urgence de 4 Millions d’euros sur les crédits du ministère de la Ville (Dotation Politique de la ville).
Sur ces 4 millions d’euros de DPV, 3 millions serviront à cofinancer, à hauteur de 80%, les travaux de réhabilitation ou de construction de plusieurs groupes scolaires.
Il est a noté que sur 444 écoles publiques que compte la ville, 114 écoles ont été identifiées comme “nécessitant des travaux de degrés d’importance différents”, dont 74 sont situées en QPV et classées REP +, 54 étant classés sous la dénomination “Type Pailleron ” de triste mémoire.
Comment ne pas s’étonner de l’état dramatique dans lequel se trouvent ces écoles dont la majorité sont implantées en REP+ et comment pouvons-nous apprécier la surprise du maire de Marseille découvrant cette réalité?
Il est des communes pour lesquelles l’éducation constitue une priorité et qui font preuve d’un réel volontarisme par les moyens qu’elles mobilisent dans le cadre de leur politique éducative et qu’elles affectent notamment à la construction et à l’entretien du bâti scolaire.
Il semblerait que cela ne soit pas le cas pour une majorité des écoles marseillaises situées en REP. Cette situation relève-t-elle d’un choix ?
Rappelons que la compétence première d’une commune en matière d’éducation consiste à assurer l’implantation, la construction, l’équipement, le fonctionnement et l’entretien des écoles maternelles et élémentaires.
Nous pouvons cependant nous étonner que le droit commun de la ville de Marseille ne s’exerce qu’insuffisamment pour ces écoles des quartiers populaires et que l’État , en substitution , sollicite les crédits “exceptionnels” de la Politique de la Ville, abandonnant dans cette situation , la doctrine sans cesse répétée depuis les signatures des nouveaux contrats de Ville, de la mobilisation première des financements de droit commun avant ceux de la Politique de la Ville.
Nous ne pouvons que nous réjouir de la mise en oeuvre du plan pluriannuel “Écoles de Marseille”, surtout pour les enfants et les équipes enseignantes attachés à ces établissements scolaires. Mais nous pensons que cette annonce peut également avoir un effet contre-productif pour un certain nombre de communes.
La baisse de la dotation de fonctionnement subie par la majorité des communes pourrait inciter certaines d’entre elles à diminuer leurs propres financements dans le domaine éducatif, comptant alors sur les moyens de la Politique de la Ville pour y faire face.
Poursuivre dans cette direction constituerait un encouragement à faire marche arrière sur les évolutions de la “nouvelle politique de la Ville” et ne faciliterait pas le travail permanent que réalisent les acteurs de la Politique de la Ville pour encourager la mobilisation des différentes politiques ministérielles et de droit commun dans les quartiers populaires. La Cohésion sociale en serait encore plus fragilisée et ” l’Égalité de fait” à nouveau renvoyée à la notion d’Utopie.
L’Association Nationale des Acteurs de la réussite Educative restera attentive à cette question et souhaite partager avec les partenaires institutionnels et les autres réseaux d’acteurs, une vigilance quant à la mobilisation effective du droit commun dans les quartiers en Politique de la Ville au bénéfice de l’ensemble de leurs habitants.